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« queur des lions, Ô brave, Ô prince, Ô vaillant co-
«quérant du monde, Ô maître du payslr
H envoya à l'instant Faramourz avec une armée
pour attaquer le roi, tirer des fosses Îes corps dis
morts et infliger au monde des motifs de & -
menter. Lorsque Faramourz arriva devant Kaboul
ï ne trouva dans la ville aucun des grands: tous
s'étaient enfuis, la ville était déserte; ils étaient ter-
rifiés de la mort du vainqueur du monde. Faramour
se rendit à la plaine où Rustem avait chassé, dans
l'endroit où l’on avait creusé les fosses. Îl fit apporte
un lit de repos et placer dessus ce bel arbre sul;
il défit la ceinture du Pehlewan et lui ôta sa tr
nique de roi. On lava le mort dans de l'eau chaude,
on lui lava doucement la poitrine, les bras, la barte
et le corps, on brüla devant lui de l'ambre gris et du
safran, on cousit ses blessures. Faramourz versa de
l'eau de rose sur la tête de Rustem et répandit sn
son corps du camphre pur; on l'enveloppa dans du
drap d'or, on apporla des roses, du muse et du vin:
l'homme qui cousait le linceul versait des larmes de
sang, en peignant cette barbe blanche comme le
camphre.
Le corps dépassait la longueur de deux lits; était
ce le corps d’un homme, ou un arbre qui répandhil
de l'ombre? On fit un beau cercueil en bois de tetk,
orné de clous d’or et de figures en ivoire; on en-
duisit toutes les jointures avec: du bitume, qu'on
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recouvrit de musc et d’ambre. Ensuite on tira d'une
fosse Zewareh, le frère de Rustem , on cousit toutes ses
blessures, on le lava et on lui fit un linceul de bro-
cart; puis on chercha un tronc de grenadier, d'ha-
biles charpentiers partirent et en tirèrent de grandes
planches pour un cercual, et Faramourz versa du
musc, du camphre et de l'eau de rose sur Zewareh
dans sa dernière demeure. Alors on releva le corps
de Raksch, on le lava, on le couyrit d'étoffes; on
employa deux jours à ce travail; enfin on chargea le
corps de Raksch sur un éléphant. |
Depuis Kaboul jusqu'au Zaboulistan le monde
était comme bouleversé; on ne voyait que femmes
et hommes se tenant debout, et pas un être vivant
n'aurait plus trouvé une place. On se passait de main
en main les deux cercueils; le nombre de ceux qui
les soutenatent les faisait paraître légers comme l'air;
et c'est ainsi qu'ils furent portés à Zaboul dans un
jour et une nuit, sans avoir été un instant posés à
terre. Le monde entier était rempli de lamentations
sur Rustem; on aurait dit que la plaine était en
ébullition, toutes les voix se perdaient dans ce bruit
immense, lous les pays n’entendaient que des cris de
douleur. On prépara dans le jardin de Zal un tom-
beau dont on éleva le sommet jusqu'aux nuages, et
l'on y plaça deux'trônes d’or, l’un à côté de l’autre;
c'est là qu'était le lieu de repos du héros dont la for-
tune avait été si grande.
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Tous ses serviteurs, qu'ils fussent des hommes
libres ou des esclaves au cœur pur, tous firent un
mélange de musc et de terre, le répandirent sur les
pieds du héros au corps d'éléphant, et s'écrièren:
r O maître illustre, pourquoi veux-tu du muse et de
«l'ambre comme offrande, pourquoi ne prends-
«plus ta place à l'heure du banquet, pourquoi ne
«revéts-tu plus ta cuirasse en peau de léopard al
«jour du combat, pourquoi ne distribues-tu plus des
«{résors d'or? On dirait que tu méprises tout cek.
«Sois maintenant heureux dans le gai paradis; car
« Dieu t'avait pétri de justice et de bravoure.» br-
suite ils fermèrent la porte du tombeau et parlirent,
et le héros qui avait levé si haut la tête disparut du
monde. Que peux-tu demander à ce séjour passager
qui commence par des jouissances et finit par des
peines? Tu seras étendu dans la poussière, quand
même tu serais de fer, et que tu serais un sectaleur
de la vraie foi ou un Ahriman. Pendant que tu 6,
tends vers le bien, dans l'espoir d'obtenir ainsi l'objet
de tes désirs dans l'autre monde.
FARAMOURZ MARCHE AVEC UNE ARMÉE POUR VENGER RUSTEN;
ET MET À MORT LE ROI DE KABOUL.
Faramourz, ayant accompli le deuil de son père,
fit sortir une armée dans la plaine; il ouvrit le palais
du héros au corps d'éléphant et équipa ses troupes
avec Les armes que son père avait accumulées. De
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grand matin les trompettes, les timbales d’airain et
les clochettes indiennes se firent entendre, et 1l con-
duisit du Zaboulisian vers Kaboul une armée telle
que le soleil disparut du monde. Le roi de Kaboul
eut des nouvelles de l'approche des troupes du Za-
boulistan, et rassembla son armée dispersée ; la terre
se-couvrit de fer et l'air s'assombrit. Faramourz et
ses troupes s’avancèrent, le soleil et la lune päli-
rent, et quand Îles deux armées furent en présence,
le monde se remplit de bruits guerriers; la masse
des chevaux et la poussière noire qu'ils soulevaient
étaient telles que les lions s'égaraient dans la forêt;
un grand vent amena des nuages sombres, et l’on
ne distinguait plus le ciel de la terre.
Faramourz sortit des rangs de son armée, ïl ne
détourna pas ses yeux du roi, et lorsque les tim-
bales résonnérent des deux côtés et que les cœurs
des braves devinrent inquiets, il se jeta rapidement
sur le centre des ennemis avec une troupe peu nom-
breuse : le monde fut obscurci par la poussière que
faisaient lever les cavaliers, et le roi de Kaboul devint
prisonnier. Toute sa puissante armée se dispersa;
les braves de l'Iran, semblables à des loups, l'acca-
blèrent de tous côtés et la poursuivirent; ils tuërent
tant de héros indiens, tant de vaillants et illustres
hommes du Sind , que la terre du champ de bataille
fut trempée de leur sang, que l'armée du Sind se
débanda, que les Indiens furent défaits, qu'ils re-